Série 2, épisode 3 : "Chacun sa place"

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Episode 3 : chacun sa place

• Pourquoi toutes ces places handicapés ?

• Pourquoi, moi, j’ai jamais de place ?
• Un p’tit pipi ?

A savoir

Je vais vous révéler un secret : les places « handicapés » n’ont pas été créées pour emmerder les valides. Promis. 

Nous l’avons (presque) tous pensé, comme ça, un soir après avoir tourné 30 minutes, pile poil quand on était en retard, pas longtemps, hein, mais, on l’a pensé. Un peu.

Oui, je sais, un certaine nuit, un 4 août, on a aboli les privilèges en France. Mais sérieusement, on est à 1000 lieues du privilège ! Lisez plus bas (aller plus loin) : l’obtention du « macaron » qui permet de se garer sur une place réservée aux personnes handicapées vaut bien, à elle seule, tous ces tours de pâté de maison ou les quelques mètres avec ses sacs à la main à la sortie du supermarché. Sans aucun doute. Non certainement pas un privilège. Juste (un peu) d’aménagement pour rendre le quotidien (un peu) moins compliqué.

Places de parking , toilettes,, files d’attente,… Je le jure, je respecte toujours le petit fauteuil bleu… mais je peux pas en dire autant de tout le monde… suivez mon regard, elle a pas bien l’air handicapé, elle. Pourquoi, moi, je devrais… Mais, je ne vous en dit pas plus, rendez-vous à l’épisode 9.

 

Aller plus loin

• Un stationnement réservé n’est pas un luxe

Les places de stationnement pour personnes handicapées sont réservées aux personnes possédant le macaron approprié, lui-même délivré par une commission ad-hoc chargée d’évaluer le besoin de la personne, que cette personne conduise ou soit accompagnée (si elle n’a pas accès à la conduite). 

 Les places de stationnement pour personnes handicapées ne peuvent donc pas être occupées par des personnes qui s’estiment elles-mêmes, ponctuellement ou provisoirement (objets encombrants, fatigue, femmes enceintes, blessures provisoires), en avoir besoin: cela se justifie par le fait qu’une situation de handicap provisoire (comme une jambe dans le plâtre) a des conséquences moins profondes sur une vie, et donc nécessite moins d’adaptations et de compensations, qu’un handicap de très long terme. 

 A l’inverse, tout détenteur du macaron n’a pas forcément de manifestation visible de son handicap. Stationner sur la place handicapée lui permet justement de gagner en autonomie, en diminuant les distances à parcourir à pied par exemple ou en le plaçant face à l’entrée accessible. Inutile donc de rayer la voiture d’une personne que vous voyez sortir sans fauteuil pour « faire justice »…

 Le macaron de stationnement est un document distinct de la carte d’invalidité, ils ne donnent pas accès aux mêmes droits, et ne sont pas délivrés selon les mêmes critères, mais tous deux sont délivrés par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) après un long examen de dossier médical et fonctionnel.

 Ne vous improvisez donc pas spécialiste à la place des spécialistes et laissez la place à ceux qui en ont officiellement besoin.

 

• Tu as pris un bout de ma place, mais pas un bout de mon handicap

Stationner sur une place handicapée, même « pas longtemps », peut suffire à empêcher une personne handicapée de rentrer chez elle, d’aller chez le médecin, de faire ou de revenir d’une course, en un mot peut diminuer son autonomie, parfois acquise après moultes efforts (adaptation très onéreuse d’un véhicule, efforts physiques pour effectuer un déplacement précis, etc.). 

Déborder « un peu » sur la place handicapée peut aussi empêcher une personne handicapée de retourner dans sa voiture ou d’en sortir, par exemple si elle a besoin d’espace pour charger un fauteuil roulant dans le véhicule (derrière ou sur le côté) ou pour se « transférer » du fauteuil à la voiture en toute sécurité. Vous prenez une partie de sa place, mais ça ne lui enlève pas une partie de son handicap! C’est aussi la raison pour laquelle ces places sont plus larges et plus longues: « vérifier qu’il y a une place de libre à côté » risque donc de ne pas du tout aider la personne handicapée.

En ne respectant pas les emplacements, vous risquez donc tout simplement d’empêcher des personnes handicapées de se déplacer et leur ôtez cette autonomie permise par l’emplacement réservé.

De même, stationner sur une zone indiquée comme un arrêt de bus (même sur les zébras qui sont en amont de la station) va empêcher le bus de s’aligner contre le trottoir et à l’endroit où le trottoir est spécifiquement rehaussé : en stationnant « juste une minute » sur les zébras, il se peut que vous empêchiez une personne handicapée de descendre du bus ou d’y monter, ou que vous obligiez des personnes en situation de handicap à se faire mal ou à se mettre en danger pour passer une marche plus haute que prévue en montant ou descendant du bus. Bref, cela peut avoir des conséquences graves pour une tierce personne que vous ne connaissez même pas.

 

• Comment passer le permis de pousser 

La conduite du fauteuil roulant, pour une personne dedans comme pour une personne derrière le fauteuil, n’est pas plus innée que celle d’un vélo. Toutes les personnes en fauteuil roulant n’ont pas le même degré d’autonomie (possibilité de se propulser par la force des bras, accès à un fauteuil roulant électrique, etc.), et si vous êtes amené à pousser un fauteuil roulant, rappelez-vous que ça n’est pas un caddie ni un chariot, il y a une personne dedans ! Rappelez-vous également que cette personne n’est pas votre enfant dans une poussette et qu’être dans un fauteuil roulant n’enlève rien à la recherche d’autonomie et à la volonté de se déplacer.

Osez donc demander à la personne en fauteuil roulant comment vous y prendre afin que le trajet se fasse pour elle en toute sécurité et de manière confortable, en fonction de sa maladie et de ses difficultés fonctionnelles. Il ne faut pas avoir peur de se mettre en situation d’apprendre : apprendre comment traverser une rue sans danger, apprendre comment passer une marche sans risque, apprendre comment circuler en un lieu bondé sans inconforts, apprendre le meilleur cheminement.

Entre une personne dans un fauteuil léger et très maniable qui n’aura besoin d’aide que pour passer une grande marche, et une personne plus fragile dans un fauteuil roulant doté de multiples équipements électriques et qui cherchera par exemple à éviter de simples vibrations, il n’est attendu de personne d’arriver à « deviner » ce qu’il faut faire.

Dans tous les cas une conduite douce, avec une trajectoire simple (pas de pirouettes inutiles pour regarder à gauche ou à droite, pas de trajectoire sinueuse comme si c’était un rallye) et un rythme constant (pas d’accélérations ou de freinages brutaux, s’approcher doucement des obstacles), est un bon moyen de faire ses débuts. En cas de doute sur l’itinéraire, prenez les devants seul pour repérer les lieux, afin de ne pas faire faire des allers-retours inutiles à la personne handicapée. 

Invitez la personne handicapée à vous faire ses commentaires, sinon elle n’osera peut-être pas vous signaler des inconforts, ou des maladresses, qui rendent en réalité le trajet pénible ou difficile.

 

• Il faudrait savoir, c’est grave ou pas ta maladie?

L’évaluation de la gravité d’une maladie (risques ou impacts sur les fonctions vitales par exemple) est à dissocier de l’évaluation des handicaps fonctionnels qu’elle engendre. Tout comme des personnes peuvent être porteuses de maladies graves sans que leurs facultés de déplacements ne soient en rien limitées, de la même manière certaines maladies engendrent des incapacités fonctionnelles importantes et de grands besoins d’aide (qu’on pourrait qualifier de « handicaps graves ») sans que des organes « vitaux » ne soient touchés. 

Les professionnels des handicaps (ergothérapeutes, ergonomes, médecins de rééducation, équipementiers des véhicules et des logements, kinésithérapeutes…), qui vont aider la personne handicapée à adapter l’environnement, apprivoiser ses limitations (« apprendre son handicap »), et retrouver de l’autonomie, ne sont donc pas forcément les mêmes équipes que les professionnels de sa maladie, qui eux vont essayer de la guérir.

 

• Ne regarde pas la dame !

Porter un regard « normal » sur une personne dont le handicap est visible (fauteuil roulant, etc.) est une préoccupation que tout le monde connaît. A la place de la personne handicapée, être fui du regard est tout aussi stigmatisant qu’être regardé fixement, même si comme pour tout le monde un sourire fait toujours plaisir… 

Mais la bonne nouvelle est qu’on s’habitue tous vite (en quelques heures ou quelques jours) à « côtoyer » le handicap. 

Plus la société devient accessible et permet aux personnes handicapées de participer de manière « visible », plus les enfants, handicapés ou non, sont à l’école ensemble, plus nos entreprises accueillent de collègues en situation de handicap, et plus on s’habitue au fait que nous croisions des personnes toutes différentes les unes des autres.