Episode 3 : sourd

Et si on proposait une cape bleue (ou un slip rouge) aux déficients visuels ? Eux qui, tels Batman ou l’homme qui valait 3 milliards, captent des sons inaudibles pour les « simples » valides ? Il paraitrait même qu’ils seraient tous accordeurs de pianos, chanteurs ou spécialistes des écoutes téléphoniques pour la police (réel : voir cet article sur la police belge)…

Soyons sérieux ! Forcément, pour une personne aveugle, il est moins difficile de choisir un métier dans lequel on a besoin de ses oreilles… que de ses yeux. Mais ce constat assez primaire ne signifie pas que lesdites oreilles sont physiologiquement différentes de celles des personnes valides.

Oui certains aveugles ou malvoyants sont mélomanes. Mais d’autres n’ont aucun sens du rythme ou une voix de casserole. Et pour tous, ce qui est certain, c’est que leur attention est concentrée sur l’audition. Plus attentifs, ils vont mieux se « servir » de leur oreille. Ce qui explique, par exemple, que des personnes aveugles excellent dans les métiers de la traduction… même si, en ce qui me concerne, le fait de me bander les yeux ne m’a jamais donné un meilleur accent en anglais, ce que je regrette.

A contrario, bien évidemment, cela ne sert rigoureusement à rien de brailler (il fallait bien la faire, celle là) dans les oreilles d’un aveugle. Même si la réaction est « naturelle » (voir les informations de l’épisode portefeuille)

– C’est bête à dire mais parlez normalement à une personne aveugle. Pas besoin de hausser la voix, d’articuler ou parler lentement etc.

– Si vous croisez avec votre enfant une personne aveugle ou malvoyante, et que votre enfant vous questionne « Qu’est-ce qu’il fait le Monsieur ? » « C’est quoi qu’il a dans la main? » ne vous sentez pas obligé de lui demander de se taire ou de lui répondre tout bas. La spontanéîté et naïveté des enfants est souvent plus appréciée que le silence ou l’indifférence des adultes. (Si la question vous est posée, vous pouvez lui répondre simplement « certaines personnes ne voient pas, certaines personnes ont des problèmes de vue ». Et banaliser ou dédramatiser la situation en lui expliquant « La canne blanche qu’il/qu’elle tient dans la main lui permet de se déplacer. Elle remplace un peu les yeux, elle détecte les obstacles ».)
Dans le même état d »esprit, mieux vaut éviter les remarques chuchotées (qui auront toutes les chances d’être entendues), du genre « Quelle horreur ! Je préférerais plutôt mourir qu’être aveugle ». Les aveugles et les malvoyants sont souvent d’un tout autre avis…

– Il est vrai que les personnes handicapées visuelles ont en général une mémoire bien entraînée, même pour reconnaître les voix. Mais qu’une personne prise par surprise reconnaisse une voix à partir de quelques mots (et ce, alors que toute son attention est accaparée par d’autres perceptions), c’est trop lui en demander.
Si vous n’êtes pas un de ses proches, quelqu’un dont elle reconnaît immédiatement la voix, faites vous connaître dès le début de la manière suivante : « Salut Carine ! C’est Vincent ». Si vous craignez de ne pas être reconnu, ajoutez une petite explication : « Tu sais, nous nous sommes rencontrés il n’y a pas longtemps à S… » (conseils issus du Guide de l’AVH mentionné ci-dessous)

– Pas besoin de voir pour « voir ».

Le verbe « voir », le mot « aveugle » ne sont pas des gros mots. Il est fortement recommandé de les utiliser simplement. Y compris avec les personnes déficientes visuelles. Il faut d’ailleurs savoir que de nombreuses personnes aveugles utilisent couramment le verbe « voir »  – pour décrire au sens large tout ce qui touchera à la perception d’un objet, d’un lieu, d’une oeuvre, … 

– Le Guide des civilités à l’usage des gens ordinaires propose sur 24 pages des conseils pour bien vivre ensemble (télécharger le guide en format PDF)

– Le guide Pas cela… ceci de l’Association Valentin Haüy propose les bons conseils pour un contact heureux avec les personnes aveugles (télécharger le guide en format PDF)