Episode 2 : portefeuille

Faut-il demander la permission avant de s’adresser à un aveugle ?

La cécité affecte t’elle les autres sens ?

Quels conseils donner pour aider à bien choisir ?

 

Et si on se parlait, simplement.

• A savoir
On savait qu’on s’adressait aux altesses à la troisième personne du singulier. On se souvient des patrons de bar et de leur « qu’est qu’ELLE prendra la petite dame ? ». Déférence pour les uns, distance pour les autres. C’est bien connu.
Mais pour les personnes en situation de handicap… Pourquoi se sent on « obligé » de dialoguer en passant par un tiers ?
Pas de déférence qui tienne, ni de volonté de maintenir une distance. C’est sûr. Pas non plus de méprise (avec ou sans « e »), qui laisserait croire que la personne handicapée n’a pas les facultés de comprendre. Evidemment.
Mais le résultat est là. On ne sait pas comment aborder simplement une personne handicapée. On se sent gauche, maladroit, mal à l’aise. On a peur de mal faire. On est tétanisé par le risque de « gaffe ». 

C’est sûr, c’est « pas méchant ». Au contraire, l’attitude se rapprocherait plus de la pudeur. Mais il suffit, un instant, d’inverser les rôles. Vous imaginez, vous qu’on s’adresse à votre voisin pour lui demander ce ce que vous pensez de ceci ou de cela ? Agaçant, bien sûr. Blessant, même ! (Monsieur, imaginez : « et votre mari, il les aime comment ses costumes, madame ? », et vous Madame : « Après son shampooing, je lui laisse son carré ou je lui fais une coupe courte, cette fois, à votre femme ? »)… vous voyez le genre ?

C’est idiot. 
Ou, c’est idiot.
Et comme c’est idiot, c’est assez facile de changer les choses…

• Qu’est-ce que je peux faire ?
Une étude faite à Harvard sur les « associations implicites » l’a démontré. Malgré soi, en environnement professionnel ou familial, on tend à associer handicap et absence de performance. Disons le une fois pour toutes, même si cela peut sembler une évidence. Un handicap n’affecte pas les autres facultés de la personne qui en souffre.
Les conseils qui en découlent peuvent alors sembler tellement évidents.
Adressez vous à une personne handicapée le plus naturellement du monde. Et n’ayez pas peur. Il n’y a rien de pire que la perception de retenue. Une personne aveugle ne vous reprochera jamais d’avoir utilisé l’expression « vous voyez ce que je veux dire ». 
– Adressez-vous directement à la personne. Bannissez l’infantilisation.
– Utilisez le vocabulaire courant et les expression d’usage. Comme avec n’importe quelle personne.
– Posez des questions ouvertes (quelle couleur vous ferait plaisir ?), plutôt que fermées (vous aimez le bleu ?).

En un mot, ne pensez pas à la place de la personne handicapée (du genre : « ça sert à rien que je lui parle, ça lui évoquera rien »). Car, toutes les personnes handicapées vous le diront : mieux vaut poser des questions, quitte à être maladroit ! Car au moins, cela donne une chance à la relation d’exister. Au lien de se créer. 

Car rien n’est pire que d’ignorer.
Car un lien vaut mieux que toutes les gaffes…

• Aller plus loin
– Les personnes handicapées sont des gens comme les autres. Avec leurs qualités et leurs défauts. Certaines sont formidables, d’autres… moins. Cette campagne de sensibilisation réalisée en Belgique est « choc » mais tellement juste. http://www.youtube.com/watch?v=vZnudqhCjRA&feature=player_embedded

– L’association Valentin Haüy (qui a réalisé l’audio description de tous les épisodes de J’en crois pas mes yeux) propose le guide « Pas cela ceci », guide qui propose des conseils concrets du quotidien :http://www.avh.asso.fr/rubriques/association/conseils.php