Episode 11 : braille

Le braille est-il une langue étrangère ?

Faut-il avoir des doigts de fée pour lire le braille ?

Les livres numériques sont-ils accessibles aux personnes déficientes visuelles ?

 

9 aveugles sur 10 ne lisent pas le braille…
 
• A savoir
Le braille porte le nom de son inventeur : Louis Braille. Pas besoin de le voir pour le croire. Né le 4 janvier 1809, Louis Braille perd la vue à l’âge de trois ans en manipulant une serpette dans l’atelier de son père (bourrelier de métier). A dix ans, il rentre à l’Institution royale des jeunes aveugles fondée par Valentin Haüy. « A l’école, les enfants apprennent à lire sur des lettres en relief mais ne peuvent pas écrire, car l’impression est faite avec des lettres cousues sur du papier. Dès son entrée à l’institution, Braille apparut comme un élève de premier ordre. Il réussissait dans toutes les disciplines enseignées et raflait toutes les récompenses, qu’il s’agisse de tâches manuelles ou de travaux intellectuels. Braille n’avait pas encore quinze ans qu’on lui confiait déjà certaines responsabilités d’enseignement. A l’âge de treize ans, il invente un système de points en relief inspiré par la visite du capitaine à la retraite Charles Barbier de la Serre qui  a imaginé un système d’écriture de nuit permettant aux militaires d’échanger les ordres silencieusement. Le système de Barbier est basé sur douze points, tandis que celui de Braille l’est sur six ; de plus, représentant des sons à la manière de la sténographie, il est très complexe. Braille améliorera par la suite son système pour y inclure la notation mathématique et le solfège. »
Ainsi, le braille repose sur six points, deux colonnes de trois points, dont la présence ou non désigne une lettre de l’alphabet, un signe de ponctuation… Par exemple, la lettre « a » est le point « 1 » soit le seul point en haut à gauche, la lettre « c » les deux points du haut (points 1 et 4).
L’alphabet braille est valable quelle que soit la langue. Juste, des caractères spécifiques à certaines langues nécessitent d’autres codes / combinaisons de points : par exemple, le « Esszet » en allemand. Comme le braille est volumineux, il existe de plus un « braille abrégé » spécifique à chaque langue : « absolument » en français pourra s’écrire soit intégralement, soit en abrégé avec les lettres « abm ». Pour lire un texte en abrégé, il faut donc connaître le braille abrégé de la langue concernée.
Dans l’imaginaire collectif, le braille apparait souvent comme un système ingénieux et répandu chez les personnes aveugles et malvoyantes. Mais quelle place occupe-t-il réellement chez les déficients visuels ? Bien qu’il n’y ait pas de recensement des personnes handicapées, on estime que la France compte entre 65 000 et 100 000 personnes aveugles ainsi que 1 200 000 personnes très malvoyantes. Le vieillissement est la cause principale de la perte partielle ou totale de la vue. Si l’apprentissage théorique du braille est toujours possible quel que soit l’âge, parvenir à une lecture aisée et rapide au bout des doigts est d’autant plus difficile qu’on perd la vue tardivement. Même lorsqu’on perd la vue à l’adolescence, il est difficile d’acquérir une lecture fluide du braille. Les aveugles de naissance ou les personnes ayant appris le braille dès le primaire sont sans aucun doute les meilleurs « braillistes ». Une personne ayant un reste visuel cherchera à l’utiliser pour lire. Pour toutes ces raisons, assez peu d’aveugles et malvoyants lisent en braille.
La lecture via un équipement informatique et / ou les ouvrages audio sont des alternatives majoritairement utilisées.
 
• Qu’est ce que je peux faire ?
Pour m’investir et m’engager :
–          Si je souhaite enregistrer des livres audio au sein d’une association, je peux au préalable vérifier auprès de la Banque De données de l’Edition Adaptée que ce livre n’a pas déjà été enregistré :http://www.inja.fr/bdea/ 
–          Si je souhaite permettre à des aveugles et malvoyants de suivre plus facielement leurs études :
·        Je peux participer à la numérisation d’ouvrages scolaires et universitaires 
·        Je peux également  lire de vive voix à la demande des documents utiles aux études (ou par la suite à l’exercice d’une activité professionnelle)
Contacts possibles : Groupement des Intellectuels Aveugles ou Amblyopes (www.giaa.org), l’association Braillenet et la bibliothèque numérique Hélène (www.braillenet.org), l’association Baisser les barrières…
 
En tant qu’auteur et éditeur : je peux permettre aux personnes handicapées d’accéder à mes ouvrages en déposant auprès de la Bibliothèque Nationale de France le(s) fichier(s) numérique(s) de mes œuvres. Conformément à l’exception handicap de la loi du 1er août 2006 relative au droit d’auteur et aux droits voisins dans la société de l’information (DADVSI), la reproduction des œuvres sur des supports adaptés aux publics handicapés, dès lors que la consultation en est strictement personnelle, peut être librement effectuée par des organismes transcripteurs (bibliothèques, services d’archives, centres de documentation, établissements spécialisés…) :
et
(voir les rubriques « Associations » et « Editeurs »)
 
• Aller plus loin
Le développement du livre numérique est une opportunité d’accès à la culture et à la formation pour tout un pan de personnes à condition de veiller à l’accessibilité de ce support. En 1996, des travaux ont commencé à partir d’une initiative suédoise sur la création d’un standard international de livres parlants (ou livre numérique adapté). Depuis 2002, le standard DAISY (Digital Accessible Information System)
est disponible et ouvert à tous et a déjà permis la publication de dizaines de milliers d’ouvrages parlants de par le monde.

L’évolution de ce standard est pilotée par un Consortium international où la France est représentée par l’Association Valentin Haüy, Braillenet et le Groupement des Intellectuels Aveugles ou Amblyopes (GIAA).

Ce format constitue la « nouvelle génération » de livres sonores et offre une expérience de lecture très intéressante. Les livres ou magazines au format DAISY peuvent être enregistrés par l’intermédiaire soit d’une voix humaine, soit d’une voix de synthèse.
Le support d’enregistrement des livres DAISY le plus courant est encore le compact disc (CD) mais, de plus en plus, la carte mémoire SD s’impose. On peut aussi trouver des livres DAISY en téléchargement sur Internet.
A noter, le format Daisy peut également être utilisé par des plages braille afin que les braillistes puissent continuer de lire des ouvrages en braille comme par le passé mais sans être pénalisé par la taille imposante des livres en Braille.

Les lecteurs de livres au format Daisy apprécient la qualité sonore nettement supérieure, le fait qu’un livre puisse être enregistré sur un seul CD et de pouvoir se rendre à des chapitres ou à des pages spécifiques, insérer des signets (marque pages) et utiliser un index (possibilité de lecture en diagonale, plus rapide et simple).

Au-delà de la déficience visuelle, ce format est très apprécié par les dyslexiques. Il  représente un enjeu pour les enfants et les personnes âgées.

Aux Etats-Unis, la première législation requérant que les éditeurs fournissent les fichiers permettant la production de braille et d’autres formats accessibles pour les écoles publiques élémentaires et secondaires a été votée dès 1991. Au début cette législation a souffert de ne pas disposer d’un format standard sur lequel se reposer. Le 11 mars 2003, le format DAISY 3 a été sélectionné comme le format national pour les livres parlants aux Etats-Unis.

Grâce à l’existence de convertisseurs permettant de transformer automatiquement, par exemple, un fichier de traitement de texte Word en livre parlant, il est possible à n’importe quel éditeur de livre scolaire de fournir l’équivalent sous la forme d’un livre parlant de tous les livres scolaires à destination des élèves du primaire, du secondaire et de l’enseignement supérieur sans pour autant imposer une augmentation significative du coût de production de ces ouvrages.
A quand en France l’obligation aux éditeurs de fournir leur contenu sous  la forme de livre parlant au format Daisy ?
Ceci faciliterait l’intégration des étudiants handicapés de sorte à ce que les aménagement prévus par la loi du 11 février 2005 (pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées) puissent être mis en pratique avec des coûts raisonnables. La mise à disposition de leurs contenus par les éditeurs sous forme de livres parlants contribuera à une meilleure inclusion numérique de tous les élèves souffrant de déficiences et, dans la perspective du vieillissement de la population la généralisation de la production de livres parlants permettra également de lutter contre l’isolement dont souffrent les personnes âgées dont la vue ne leur permet plus de lire des ouvrages sous leur forme papier.